Taux de pénétration du BIM : Des chiffres mirobolants aux antipodes de la réalité.
Surenchères ?
Dans la communication concernant le BIM, on assiste régulièrement à des annonces qui vont de surenchères en surenchères. Selon les sources, le taux d’usage du BIM est déjà très développé.
Selon le blog technique des solutions BIM Autodesk, le BIM a un taux de 66% d’adoption globale. Une étude du Conseil National de l’Ordre des Architectes affirme même que le BIM fait partie intégrante de plus de 30 % des projets immobiliers réalisés en France.
Enfin, selon le bilan du PTNB : « Lʼengouement est manifeste et se perçoit dʼabord sur lʼutilisation de procédures BIM dans 44 % des marchés publics et 54 % des marchés privés ». « La tendance globale est nette. Et particulièrement tangible auprès de la maîtrise dʼœuvre et des industriels. Ils sont désormais 45 % à affirmer bien connaître le BIM (contre respectivement 28 % et 25 % en mars 2016). Même sʼil est moins élevé, ce taux atteint 35 % dans la maîtrise dʼouvrage (contre 18 %) et 24 % dans les entreprises du BTP (contre 12 %). »
Analyse de terrain
Etonnée par ces chiffres, l’Alliance du Bâtiment a mené une rapide enquête. Nous avons fait une analyse sur la Région Rhône-Alpes. La CAPEB AURA nous a fournis les élément au travers de son support technique qui reçoit 5000 appels par an des entreprises adhérentes. Résultat, le BIM est encore extrêmement marginal dans l’usage des entreprises.
Il n’y a pas de demandes de support technique concernant le BIM chez les artisans adhérents des organisations professionnelles Rhônalpines (15000 entreprises en Rhône-Alpes).
Par ailleurs, une analyse statistique sur les appels d’offre avec demande de démarche BIM par rapport à l’ensemble des demandes en France nous donne un taux de pénétration de 1,5%.
Alors où est l’erreur ?
L’erreur vient de la confusion entre le véritable BIM qui est une démarche de collaboration et le simple usage d’un logiciel « dit BIM ». La collaboration autour d’une maquette numérique à la norme IFC ne se réduit pas à la simple production d’une maquette numérique à la norme IFC.
Utiliser un logiciel BIM, ne signifie pas faire du BIM. D’autre part, les statistiques sont construites sur les acteurs majeurs de la filière, sans tenir compte de l’ensemble des entreprises du secteur. Les TPE représentent 90 % des effectifs de la filière.
Alors pourquoi de telles annonces ?
La réponse vient d’une logique de communication qui fait du BIM un argument commercial pour les uns. Pour d’autre, c’est un argument politique et un objet à faire du buzz pour les médias. Le numérique est à la mode, alors cela doit être extraordinaire.
Évidemment, le BIM se développe, mais il reste circonscrit à de grands projets qui permettent d’allouer d’importants budgets à la fonction BIM.
Celle-ci est d’autant plus onéreuse que le BIM ne met pas en œuvre une véritable inter-opérabilité pour l’ensemble des cas d’usage. Elle est encore limité à l’usage de logiciels de CAO aux formats propriétaires.
La massification qui permettrait à tous les acteurs de la filière bâtiment de mettre en œuvre le BIM reste à faire.