Data du bâtiment et objets connectés : normaliser pour massifier les usages

Le numérique dans la construction, dont le BIM en particulier, est limité aux grands opérateurs. Il reste cantonné à la phase conception et peine à s’appliquer aux phases exécution et exploitation des ouvrages.

Outre la multiplicité des acteurs et l’atomisation de la filière, la principale cause de ce blocage vient de l’approche appli-centrique liée à la logique éditoriale. A l’heure de la convergence des données du bâtiment et des objets connectés, il est nécessaire d’avoir une nouvelle approche dite data-centrique.

L’approche data-centrique instaure une nouvelle démarche proposée par ALLIANCE DU BATIMENT qui diffuse le format ouvert opendthX : utiliser une grammaire commune dans un format ouvert pour exploiter des dictionnaires dynamiques de propriétés afin de produire des référentiels d’objets numériques et permettre l’interopérabilité données-applications.

Utiliser un format ouvert :

Un format ouvert pour le bâtiment et les objets connectés présente plusieurs avantages significatifs.

• L’interopérabilité permet à différents fabricants et développeurs d’objets connectés de créer des produits qui peuvent fonctionner ensemble de manière transparente.
• L’innovation collaborative rends les spécifications du format ouvertes et accessibles à tous, cela encourage l’innovation collaborative.
• Les utilisateurs ne sont pas verrouillés dans un écosystème propriétaire spécifique lorsqu’ils utilisent des appareils compatibles avec un format ouvert.
• Les normes de sécurité peuvent être développées de manière collaborative et transparente, ce qui peut contribuer à renforcer la sécurité des appareils connectés.
• Un format ouvert peut évoluer au fil du temps pour répondre aux besoins changeants du marché et des utilisateurs, tout en garantissant la durabilité des investissements dans les infrastructures et les produits connectés.

Objectifs de l’interopérabilité des données

• Etablir des dictionnaires de propriétés d’intérêt général (exigences réglementaires, cas d’usages génériques tels DTU, normes, AT, quantités, GTB…)
• Concilier la pluralité des cas d’usage mis en œuvre durant les phases conception, réalisation et exploitation
• Rendre compatibles les usages d’échanges avec une sémantique partagée et les usages particuliers avec une sémantique propriétaire grâce à l’utilisation d’une grammaire commune
• Produire des dictionnaires de propriétés, des bibliothèques de modèles d’objets génériques, des catalogues de contenus dans un format universel pour inciter les éditeurs à normaliser les données d’entrée dans leurs logiciels
• Éditer un connecteur open source à des bases de contenus au format universel pour mutualiser le développement des connecteurs

Fonctions

• Normaliser la donnée d’entrée dans les logiciels métier pour fluidifier les échanges
• Enrichir les objets à l’avancement du projet dans le cadre de la mise en œuvre d’une démarche d’ingénierie système pour assurer la continuité numérique de la conception à l’exploitation de l’ouvrage
• Faire de l’échange numérique une pratique commune indépendante des applications utilisées
• Faciliter la production de contenus numériques et son utilisation
• Réduire les coûts de production et de diffusion de contenus numériques
• Maîtriser le coût carbone du numérique
• Favoriser la concurrence et l’innovation
• Réduire les dépendances
• Rendre applicable la réglementation sur l’interopérabilité

Produire des dictionnaires dynamiques pour créer et utiliser les données clés utiles aux cas d’usage

• Répondre à l’évolution des besoins d’usages numériques tout en gardant opérant le format de données et donc les connecteurs qui l’utilisent
• Utiliser les normes existantes pour gérer des dictionnaires dynamiques (NF EN ISO 23386)
• Appliquer la méthode COPO (Cas d’usage, Objets d’usage, Propriétés, Objets modélisés) pour développer de nouveaux cas d’usage numérique
• Permettre l’usage de dictionnaires produits par différentes communautés telles les organisations professionnelles ou une communauté d’acteurs sur un projet qui est le fait du caractère agnostique du format opendthX vis à vis des dictionnaires utilisés.

Applications concrètes

Éditer une bibliothèque de modèles d’objets génériques exploitables dans tout type d’application permettant de traiter un ou plusieurs cas d’usages comme :

• Élaborer collectivement un DCE (Dossier de consultation des entreprises) au format IFC
• Éditer une proposition d’un ouvrage au format IFC
• Élaborer collectivement un DOE numérique (Dossier des ouvrages exécutés – jumeau numérique du bâtiment) au format IFC
• Éditer un catalogue de produits ou systèmes constructifs exploitables dans tout type d’application
• Interroger un catalogue depuis n’importe quelle application
• Configurer un produit depuis n’importe quelle application
• Télécharger un produit depuis n’importe quelle application
• Interroger un objet connecté depuis n’importe quelle application
• Piloter un objet connecté depuis n’importe quelle application

Perspectives

• Rendre les échanges entre tous les acteurs plus fluides et faciliter le travail collaboratif pour permettre à la filière constructive grâce au numérique d’être plus efficiente pour relever les défis auxquels notre société est exposée : Environnement, Qualité, Équité, Compétitivité, Inclusion
• Produire collectivement des livrables numériques de qualité au sens interopérabilité du terme c’est à dire partageables, capitalisables
• A partir de ces données produites en masse, produire des règles de bonnes pratiques profitant au plus grand nombre
• Assurer la souveraineté des métiers et des territoires
• Donner du sens et de la force au collectif

L’ISG (Industrial Specification Group) OEU ((Operational energy Efficiency for Users) de la commission de normalisation européenne ETSI vient de publier en 02/24 le position paper « Data interoperability format with applications for connected buildings » téléchargeable gratuitement : https://www.etsi.org/deliver/etsi_gr/OEU/001_099/035/01.01.01_60/gr_OEU035v010101p.pdf